Portrait de Morgane Keromnes, fondatrice de Wallbreaker

Portrait Wallbreaker

En quelques lignes, quelle est l’action de ton association ?

Wallbreaker donne des outils pour la sortie des personnes détenues. Nous favorisons la transition dedans-dehors en proposant un parcours comprenant formation, travail et accompagnement socio-professionnel. Le parcours est réalisé dans un atelier chantier d’insertion de réparation de petits électroménagers directement implanté dans un établissement pénitentiaire.

Depuis quand existe-t-elle ?

Wallbreaker a été créée juridiquement en juillet 2021 mais je travaille sur le projet depuis novembre 2019.

Qu’est-ce qui t’a motivée à créer cette structure ? Quel est ton parcours ?

J’ai réalisé une école de commerce. Au moment du choix de spécialisation j’ai hésité à faire le Master Entreprenariat car j’avais déjà l’ambition d’entreprendre. Sur les conseils d’un professeur de me spécialiser dans un domaine particulier pour apporter une expertise dans la création d’une structure, j’ai décidé de me spécialiser dans la Comptabilité Audit, élément clé selon moi dans le montage de projet.

Durant mes études je m’intéressais déjà à l’entrepreunariat social. J’assistais notamment à des conférences et évènements qui m’inspiraient beaucoup. Après l’obtention du DSCG, j’ai intégré un start up studio qui cherchait des porteurs de projets sur des sujets variés dont l’insertion des personnes détenues.
Une semaine après la rencontre du startup studio, j’assiste à une conférence présentant un projet en détention. S’en est suivi plusieurs mois de découvertes et de rencontres avec des associations déjà existantes et des acteurs du milieu pénitentiaire ; des mois qui ont validé ma volonté d’agir dans ce secteur.

Aujourd’hui je suis directrice de l’association Wallbreaker que j’ai fondée En parallèle, je suis intervenante dans des lycées avec l’association Enactus et j’interviens dans des écoles pour transmettre des méthodologies de création de projets à impact. Cela me tient à cœur de montrer aux jeunes les actions qu’ils peuvent mener pour créer le monde solidaire qui leur correspond.

Y a t’il eu des éléments déclencheurs, des rencontres décisives
qui t’ont convaincue de passer à l’action ?

La première rencontre importante est celle avec Redstart, le start-up studio que j’ai intégré après mes études. C’est en répondant à leur recherche de porteur de projets que j’ai eu le courage de me lancer dans la création d’un projet. Au fil de la construction et encore aujourd’hui ils sont un soutien opérationnel mais également mental important pour la prise de décision et la motivation.

La deuxième rencontre décisive a été celle avec le responsable emploi travail de la Direction Inter-régionale des Services Pénitentiaires des Hauts de France. La réflexion sur le projet Wallbreaker était déjà bien avancée mais pas encore aboutie. Je me dirigeais vers lui pour comprendre son métier et son rôle dans l’écosystème.
Il a tout de suite été moteur pour développer le projet et me présenter les acteurs clés pour l’aboutissement de l’association.

J’ai également fait une multitude de rencontres qui peuvent sembler moins décisives car nous n’avons pas collaboré sur le long terme mais qui ont été très importantes. Plusieurs personnes agissant dans le champ associatif, passionnées par l’action qu’elles mènent, m’ont confortée dans ma volonté de continuer le projet.

Mon projet existe aujourd’hui uniquement grâce aux rencontres et collaborations.

Quelles difficultés as-tu rencontrées ?

J’ai été confrontée à la rigidité de l’administration pénitentiaire. Une rigidité nécessaire dans beaucoup de cas pour la sécurité mais qui est parfois compliquée à gérer dans le lancement d’un projet qui nécessite de la flexibilité.

La temporalité avec l’administration pénitentiaire est très différente de l’extérieur, c’est un élément qu’il a fallu apprivoiser au fur et à mesure.

J’ai parfois rencontré des difficultés à communiquer et collaborer avec des parties prenantes importantes dans l’accompagnement des bénéficiaires.

Quelles victoires, petites ou grandes,
as-tu retenues de ce parcours ?

Avoir le retour de certains détenus qui disent “oublier qu’ils sont en prison” quand ils sont dans l’atelier.

Une grande victoire pour nous est d’avoir embauché l’un des bénéficiaires de l’atelier dans la prison à sa sortie.
Il est aujourd’hui moteur dans le développement de notre structure à l’extérieur avec une grande volonté d’aider les autres.

Je suis également heureuse de réussir à rassembler une multitude d’acteurs avec parfois des intérêts et besoins différents, autour d’une même cause.

Comment vois-tu la suite ?

L’ambition est d’accroitre l’impact que nous avons aujourd’hui. On accompagne entre 15 et 20 détenus par an, l’idéal serait de pouvoir multiplier le nombre de bénéficiaires. L’objectif est de proposer notre parcours à plus de détenus à Amiens mais également dans d’autres établissements.

L’objectif en plus est que la structure puisse être autonome sans moi. J’aimerais agrandir l’équipe pour que le projet puisse continuer à vivre même si je ne suis pas présente.

Que dirais-tu à quelqu’un qui voudrait se lancer dans l’aventure solidaire ?

Si vous aimez l’humain, foncez. Il y a beaucoup de manières de s’investir dans le solidaire. Vous n’avez pas besoin de monter un projet de A à Z pour avoir de l’impact, si vous êtes comptable mais dans une association qui vous tient à cœur votre rôle est tout aussi important.

Ton mantra au quotidien ?

Un mantra très lié au syndrome de l’imposteur que j’ai eu pendant longtemps mais qui s’estompe avec le temps. J’ai parfois l’impression de ne pas être légitime mais je fais semblant jusqu’à ce que je sois plus sûre de moi, tout en restant humble.

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