Quel a été ton parcours professionnel avant de lancer Les Inventives d’Emma ?
J’ai une formation de styliste-modeliste. J’ai toujours œuvré dans le secteur du textile pour diverses PME Roannaises, plus particulièrement dans le secteur de la maille et du tricotage, fleuron de notre région. J’avais déjà lancé ma propre marque de prêt-à-porter “Zoé Thoué”. Je travaillais à partir de stocks dormants et de matières chinées ici et là.
A l’époque c’était très mal perçu de faire du neuf avec du vieux. C’était assez difficile de porter cela seule et j’ai arrêté.
Comment est né le projet ?
Ce projet est né d’une rencontre avec Philippe Prud’homme, le président du Tri d’Emma et Véronique Mouiller, la directrice. Au fil des échanges a germé l’idée de créer un atelier chantier d’insertion en couture au sein du Tri d’Emma tout en valorisant ces innombrables textiles délaissés. Dans un premier temps j’ai collaboré bénévolement au projet environ 6 mois avant de rejoindre l’équipe en juin 2022 en tant que cheffe de projet.
Progressivement nous avons installé un petit atelier, imaginé et fabriqué les premières pièces (nous sommes positionnés sur la déco maison et les accessoires), testé les produits, notamment dans un pop-up store en décembre dernier. Ça a tout de suite très bien marché !
Mon métier aujourd’hui répond exactement à mes croyances et mes valeurs.
Quelles sont vos principales avancées sur les 6 derniers mois ?
Nous avons obtenu notre agrément chantier d’insertion en février 2023, nos deux premières salariées Hanim & Virginie sont arrivées il y a un mois. Au fil des semaines je les vois progresser et gagner en confiance de façon significative et je trouve ça très chouette.
En parallèle nous avons lancé les travaux pour disposer d’un grand et bel atelier qui nous permettra d’accueillir à terme 7 salariés en insertion. La fin des travaux est prévue pour novembre.
Est-ce que tu vois un intérêt particulier à l’activité d’Upcycling dans le cadre d’un parcours d’insertion professionnel ?
Oui, bien sûr. L’Upcycling c’est de l’artisanat, il y a une forte dimension créative. Il y a un gros travail de sourcing (qui peut s’apparenter à de la chine) en amont qui est assez artistique tout en gardant la dimension de la faisabilité. De la contrainte nait la créativité. Nos salaries se confrontent à l’apprentissage de la couture tout en s’adaptant à la mixité des différentes matières.
Même si les modèles sont les mêmes, les tissus changent énormément, les finitions aussi.
Tu peux faire un sac à partir d’un tapis ou d’une couverture, c’est extrêmement varié. Nous avons contacté Pacau Couture, une entreprise locale spécialisée sur les vêtements flous haut de gamme, pour savoir notamment s’il y avait des débouchés pour nos salariés. Ils nous ont confirmé que oui, qu’ils seraient potentiellement intéressés pour les embaucher en fin de parcours.
Quels sont les principaux défis auxquels tu fais face en tant que porteuse de projet ?
Un de mes défis principaux est l’autonomisation des couturières, qu’elles soient à l’aise avec la couture, qu’elles apprennent un maximum de choses et qu’elles gagnent en confiance.
Nous devons également commercialiser nos pièces et/ou nos services afin d’atteindre nos objectifs de chiffre d’affaires. Nous travaillons sur les canaux de vente.
La vente au sein de notre friperie ne fonctionne pas vraiment donc nous sommes en réflexion afin d’ouvrir une boutique partagée en centre-ville avec trois autres structures. La clientèle de Roanne est très réceptive, quand on intervient sur des marchés ou des événements, les gens sont très enthousiastes. Les grands-parents sont hyper fiers d’offrir des pièces belles & différentes à leurs petits-enfants, qui en plus sont respectueuses de l’environnement et des humains.
Nous touchons un public de tout âge. Nous aimerions nous lancer dans la vente en ligne également avec Label Emmaüs.
Qu’est-ce que le collectif Upcycling t’apporte dans ton projet ?
Les réunions sont très utiles, ça fait du bien de se rencontrer entre personnes du même métier et les contenus sont toujours très qualitatifs. La session sur la façon de penser les collections futures était particulièrement intéressante : je ne savais pas du tout que la déco maison précédent la mode vêtements !
Ces temps me rassurent et me confortent dans ma manière de travailler. Les échanges avec mes collègues sont précieux et permettent de se projeter.
L’Upcycling Fashion Week était très chouette, ça donne de la visibilité et les personnes étaient intéressées par les collections. Financièrement c’était une opération blanche mais j’ai trouvé très intéressant les ateliers à destination du grand public. Nous allons les reproduire à Roanne, c’est une bonne manière de sensibiliser les gens.